Vive la Bourgogne !

Vive la BourgogneDans ma précédente chronique, je vous faisais part de mon sentiment de fierté suite au plaisir de la visite de l’un des meilleurs restaurants d’Amérique latine qui a pour nom « la Bourgogne » et qui a été crée, il y a plus de 20 ans, par Jean-Paul Bondoux. Mieux que cela, cette « Bourgogne » a fait des petits dont le dernier en date, à Mendoza, fief du vignoble argentin au pied de la cordillère des Andes. Le magazine « Géo » qui vient de faire un numéro spécial sur les vins du monde, consacre quelques pages au fameux cépage malbec, et les photos du vignoble sous les neiges éternelles sont absolument stupéfiantes !

Mais si j’ai grand plaisir à voir la considération que l’on peut avoir pour la Bourgogne et j’y reviendrai, j’ai aussi toujours pensé qu’il fallait s’intéresser au monde et aux vins d’ailleurs qui peuvent parfois apporter de belles surprises à l’amateur. Je n’oublierai pas de rappeler encore que la Bourgogne doit garder son style avec des vins élégants et fruités tout en étant construits pour la garde et j’ai encore le souvenir de certaines bouteilles de bourgognes dans des dégustations à l’aveugle que l’on prenait pour des vins étrangers tant ils étaient massifs et trop extraits.

Dernièrement, à l’occasion de quelques jours passés à Tours, j’ai encore eu le plaisir de voir la Bourgogne à l’honneur. André Vaillant, à la tête de la Vinothèque, revendique une place de choix pour les Bourgognes et il est l’un des meilleurs distributeurs des vins du domaine Cordier, de Pierre-Yves Colin et des frères Lécheneaut. Le bar à vin « le petit blanc » a, en permanence, quelques belles références au verre et son ancien propriétaire, Bruno, a même émigré à Dijon pour se rapprocher de ses vins préférés ! A deux pas du précédent, sur la même place des vieilles halles, un autre bar « les Milles et Un vins » conjugue les plaisirs du zinc et ceux d’une belle boutique où les bourgognes prennent de plus en plus de place.

Il me vient l’idée que l’avenir de la Bourgogne est sans doute mieux situé chez les cavistes et dans les bars à vins que dans la grande distribution dont on se demande si elle n’a pas fait une OPA sur la critique viticole en France après ce mois de septembre où le mot « foire » me saoule un peu…comme disent les jeunes.

Après Tours, plutôt que de pousser mon caddie, j’ai préféré pousser mes jambes jusqu’à Bra, à l’occasion de « Chesse 2007 », au demeurant une belle manifestation fromagère qui témoigne de l’intérêt porté en Italie pour la gastronomie, avec l’idée de populariser un certain luxe dont la France pourrait tirer leçon. Mais ce n’était pas là mon but, même si je me suis aussi laissé aller à une folle nuit blanche à Alba, ça n’est pas très loin, et il y a des blanches que l’on peut goûter une fois dans sa vie, je veux évoquer la truffe, bien sûr. En fait, mon but était le Piémont et surtout les Barolo que j’ai appréciés en pleine vendange. Je ne sais pas si le fait d’être français et, de surcroît bourguignon, m’a valu quelques bienveillances mais il faut dire que j’ai été bien reçu. J’aimerais parfois voir chez nos viticulteurs bourguignons autant de vins « différents » que j’ai vu de bouteilles de bourgognes chez les vignerons de cette belle région d’Italie. La Bourgogne et le pinot noir sont une référence pour eux et ils trouvent quelques points communs avec leur cépage nébiollo, surtout concernant les difficultés à stabiliser la couleur. Je ne citerai que deux domaines, assez différents dans leur style mais très intéressants. Tout d’abord le domaine Mascarello, une petite propriété de 5 ha dirigée par Maria Théresa. Le style est classique avec des élevages en gros foudres de chêne, parfois neufs et montés dans la cave ; même si le regretté Bartolo était un farouche opposant à la barrique. On peut admirer la collection d’étiquettes qu’il a lui-même dessinées, dont la fameuse, connue des amateurs qui porte l’inscription « No Barrique, No Berlusconi ». Dans un autre style, peut-être plus moderne, et je dois cette visite à Jacky Rigaux, j’ai aussi apprécié la très belle « cantina » de Luciano Sandrone qui a crée son domaine en 1978 et qui élabore des Barolo qui restent très charnus malgré leur élevage long.

Martial Jacquey
Passionné de vin