Vive la famille !

Pour une fois, j’ai envie de vous parler de l’Alsace. Une fois n’est pas coutume.

En même temps, il était une fois, un mélange de souvenirs et de contes de fées.

L’Alsace, pour moi, c’est l’évocation de moments joyeux. Quand nous rendions visite à ma marraine, mon oncle et leurs filles. Je repense aux premières traversées de ces beaux paysages, de ces beaux villages qui représentaient l’idée d’une certaine prospérité, d’un certain luxe associée au plaisir du bien vivre, du bien manger (le souvenir des champs de fraises, des pâtisseries succulentes, de mes premiers restaurants) et, plus tard, de mes premiers vins !

J’ai déjà raconté ce voyage initiatique que j’ai fait avec mon père, voyage au goût de muscat et de route des crêtes et les bouteilles ramenées pour fêter ma première année universitaire…en Bourgogne dont je ne buvais pas les vins à l’époque !

Ma passion du vin a pris une bonne partie de ses racines dans le plaisir de ces souvenirs qu’il m’est toujours jubilatoire de raviver.

Il y a deux semaines, j’aurais bien aimé répondre à l’invitation de la famille Hugel qui organisait une fête avec amis et clients pour leur faire part des nouveautés de la maison. Mais il se trouve que j’ai encore quelques obligations professionnelles et que je n’ai pas pu prolonger éternellement mes vacances malgré un âge qui pourrait maintenant s’y prêter.

Bref, c’est à l’occasion d’une séance de skype que mon ami Etienne m’a raconté ce qui faisait sa jubilation et même au-delà. Je le savais dynamique mais à ce point, je ne l’avais pas encore vu !

Il faut dire qu’il y a de quoi ! Un guide vient de leur attribuer un 20/20 pour un Riesling sec, leur nouvelle cuvée Grossi Laüe (prononcer Loï et traduire Grand Cru !). En même temps, le domaine va représenter l’Europe avec le domaine de la Romanée Conti pour une récompense internationale à New York !

Ceux qui me connaissent savent qu’il ne me faut pas longtemps pour goûter ce genre de choses. Je vous passe les détails d’un improbable voyage en TGV qui parfois relie l’Alsace à Paris en passant par Dijon, un petit défaut d’organisation et une maladresse de ma part qui ne m’ont fait échoir qu’un carton et un gobelet vides à la faveur d’un contrôleur qui se demandait bien ce qui lui arrivait… On ne peut pas tout raconter… (Etienne se rendait à Paris et réalise 5 mn avant Dijon que je pourrais être sur le quai…)

Bref, la dégustation fut un peu retardée mais elle se fit ! Et la convocation d’un cercle proche qui a pour nom « Cabote 14 » (je vous raconterai l’histoire une prochaine fois) a eu des suites positives car tout le monde était là !

Tout cela pour vous dire que nous venons de déguster le Riesling Grossi Laüe 2010 20/20 et une autre nouveauté, le Schoelhammer (au cœur du Schoenenbourg et qui produit 4288 bouteilles, beaucoup moins que la Romanée Conti !), premier millésime 2007, seulement mis sur le marché !

Il faut reconnaître que dans le genre perfection, on ne peut guère faire mieux et nous aurions peut-être attribué un 25/20 au deuxième… qui est à peine cité par le guide… Comme quoi !

Au-delà de la reconnaissance de la qualité de ces vins, je suis très sensible à ce que dit Etienne de cette « mutualisation » familiale qui permet aux Hugel, présents depuis 1639, d’atteindre le Graal !

Je terminerai par une suggestion politique et familiale (du genre famille recomposée) : pourquoi ne pas associer l’Alsace à notre Bourgogne-Franche-Comté ?

A mon avis, il yen* a certains qui le valent bien !

 

* Ce lapsus de ma frappe est le bienvenu et ce n’est pas Kaoru Hugel qui le dira le contraire.

 

Martial Jacquey – Passionné de vin –
Le 15 septembre 2015
Le Nez de Saint Pierre