Il m’arrive régulièrement de me plaindre que notre culture du vin ne soit pas assez mise en valeur dans notre pays mais j’ai dernièrement trouvé quelques raisons de ne pas désespérer.
En effet, j’étais le week-end dernier au salon « livres en vignes » qui tenait sa troisième édition au Clos Vougeot, et j’ai eu l’immense privilège de me tenir à la table des auteurs dans le salon des miroirs ! Voilà qui a été très bon pour mon narcissisme ! Quelques auteurs et personnalités de ce monde m’ont même fait la joie d’acheter notre livre. D’autres ont eu la bonté de s’y intéresser et m’ont demandé de le leur donner… Bon, je ne peux pas tout vous dire mais c’était un bon moment d’échanges et de rencontres et il est heureux qu’un tel événement existe en notre chère Bourgogne où les vignes accueillaient les livres dont certains accueillaient aussi les vignes ou les vins.
J’ai quand même pu m’échapper de la table des dédicaces (une dizaine en deux jours, c’est énorme mais au prix des droits d’auteur, le smic est bien loin !) pour aller écouter quelques conférences. J’ai été particulièrement intéressé d’apprendre qu’un grand professeur amateur de vins s’est vu confier une mission par la ministre, et l’a conclue (la mission) en proposant d’introduire le vin à l’Université. Voilà qui promet des lendemains qui chantent…
Cependant, en y réfléchissant bien, il y a longtemps que l’Université œuvre pour la promotion de la culture du vin. J’en veux pour preuve la date de la rentrée universitaire qui ne se fait jamais qu’une fois vendanges faites. Certains pourraient invoquer qu’avec le réchauffement de la planète, les vendanges se font de plus en plus tôt, mais ça n’est jamais sûr et il vaut mieux garder prudence.
Il y a eu aussi un débat qui évoquait le nombre croissant de livres sur le vin. Voilà encore un indicateur rassurant sur la reconnaissance de la place du vin dans notre culture, même s’il a été dit qu’en la matière nos voisins anglais ou belges avaient quelques longueurs d’avance sur nous.
Je dois aussi saluer la victoire de Claude Gillois, infatigable globe-trotter, importateur des meilleurs vins du monde, qui a reçu le prix du Clos Vougeot avec son livre « Tour du monde épicurien des vins insolites » écrit avec Ricardo Uztarrroz (Ed Arthaud).
Je n’en suis qu’aux premières pages mais je vous recommande la lecture de ces aventures pleines d’humour, à dénicher des vignobles perdus ou retrouvés en Ukraine, au Japon et même à Cuba !
Ces belles aventures se sont passées avec la compagnie d’Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde 2000 (cocorico !) et qui avait été coaché par notre Georges Pertuiset bourguignon (double cocorico !).
Voilà une preuve de l’esprit d’ouverture de nos jurés bourguignons.
Au déjeuner, un bon verre de Chablis à la main, Claude me confiait qu’à son avis, seules la minéralité des Chablis et la finesse de certains pinots noirs de la côte étaient absolument inimitables.
Alors notre patrimoine dans tout ça ? Je vous raconterai peut-être une prochaine fois ce que Bernard Pivot en aura dit lors de son intervention à Beaune le 03 octobre prochain, lui qui voudrait être réincarné dans un cep de la Romanée Conti.
Je ne peux quand même pas vous quitter sans vous dire un mot du millésime. L’année a été très dure pour les vignerons, avec une grande hétérogénéité dans la maturation des raisins, mais c’est une année de millerand (petits raisins dus à une fécondation partielle au moment de la fleur) ; ce qui est un gage de qualité. Les rendements sont de 30% inférieurs à la moyenne. Je peux déjà vous dire que le millésime n’aura pas bonne presse mais que les grands vignerons feront des choses exceptionnelles, même si elles seront plus rares qu’en 2009. C’est aussi ça le charme de la Bourgogne !
Martial Jacquey – Passionné de vin
Le 29 septembre 2010