Les mystères du vin

Il se trouve que j’ai croisé dernièrement, à l’opéra (de Dijon), l’un des grands messieurs du vin dont je parlais la dernière fois. On y jouait la Résurrection de Haendel et nous approchions de Pâques. Le mot « mystère » sur lequel je concluais mon propos la dernière fois est bien attaché, dans notre culture, à celui de la résurrection. Sans être mystique, je suis toujours ému par les coïncidences et, en acceptant de ne pas y comprendre grand-chose, je suis attentif aux mystères.

Certes, j’ai été baptisé par un curé issu d’une famille de vignerons et j’ai servi mes premiers verres de vin en tant qu’enfant de chœur ! Mais, aujourd’hui, j’ai ma façon bien à moi de louer le seigneur au quotidien et il m’a fallu un voyage au Maroc pour faire abstinence pendant une semaine, histoire aussi de me prouver que je n’étais pas alcoolique !

On ne mesurera jamais assez ce que nous devons au Christ et à ses apôtres ! C’est grâce à lui, quoique l’on en dise, que le vin a une telle place dans notre culture empreinte de religion. Certes Dionysos et Bacchus étaient passés par là avant. Noé aussi bien sûr. Mais, je n’hésiterais pas à dire que c’est le Christ qui a mis le vin au centre de notre culture.

Il faut mesurer tout le poids de la formule « Buvez ! Ceci est mon sang ». On imagine volontiers la couleur ! Mais Dieu a dû composer avec les hommes, je devrais plutôt dire avec les femmes, les lingères qui en 1250 ont manifesté pour obtenir de meilleures conditions de travail et ont été à l’origine d’un concile qui a changé le vin rouge en vin blanc pendant l’eucharistie (j’écris aussi ce billet peu avant le 1er mai).

Il y a plusieurs façons de s’atteler à la tâche et elle n’est pas toujours Conti !

Je sais que vous aurez du mal à me croire mais, en pleine écriture de ce billet, je viens d’avoir une nouvelle surprenante de l’un de mes amis très chers. Cet ami a eu il y a quelques mois un accident assez grave avec fractures, traumatisme crânien, problèmes de vision… Bref, il nous a beaucoup inquiétés. Il est d’un naturel volontaire et optimiste et il s’est remis tout doucement de ses blessures. Il a participé l’autre jour à la dernière dégustation que j’ai organisée. Je l’ai trouvé en bonne forme, dynamique, plein d’humour, prenant même un peu en charge l’animation de la dégustation alors que je faiblissais un peu. Mais son œil lui posait toujours problème et son ophtalmo ne savait pas bien comment traiter la chose. Le lendemain de la dégustation, tout semblait rentré dans l’ordre et il avait retrouvé une vision binoculaire normale ! (J’ai failli écrire qu’il avait retrouvé la vue mais ce serait quand même un peu exagéré). Il y a des amis qui sont prêts à beaucoup de choses pour vous faire plaisir…

Il y a quelques semaines, vous avez pu voir ou entendre les résultats d’une recherche qui indiquait que le vin était cancérigène dès le premier verre bu ! Pour des amateurs comme nous qui nous réjouissons régulièrement du fruit de la vigne et du travail des hommes, il est sûr qu’une telle étude fait beaucoup de mal : adieu resvératrol, polyphénols, antioxydants et tout et tout ! Il ne nous reste plus que notre âme et notre conscience pour être convaincus des bienfaits du vin sur l’organisme*.

En vérité, je vous le dis, ceux qui prétendent que le vin, consommé raisonnablement, est mauvais à la santé, ceux-là sont de bien mauvais chrétiens et leurs études pas très catholiques.

* relire à ce sujet mon billet d’humeur du 14 septembre 2004 « A chacun… »

Martial Jacquey
Passionné de vins
Le 22 avril 2009