La joie du président

Oui, je sais, je ne suis pas en avance pour vous rendre compte de cette soirée extraordinaire du 08 avril dernier que je vous annonçais dans mon dernier billet. Vous avez été nombreux, empêchés de venir ce soir là, pris que vous étiez dans vos multiples occupations et tous ne pouvaient pas annuler ou repousser ce qu’ils avaient prévu. Je reconnais avoir conseillé à Bernard Lavilliers de ne pas annuler son concert au Zénith pour nous rejoindre ! Non, il ne fallait pas que cette marche suscite des déceptions et puis il en faut pour tous les goûts. C’est vrai aussi, comme je le dis souvent à ma femme, il y a tellement de choses à faire à Dijon que l’inconvénient quand on est au théâtre, c’est que l’on ne peut pas être à l’opéra, au concert, ni au cinéma. Bon, c’est sûr que j’ai dû renoncer à organiser un repas avec Hubert Anceau dans mon club de dégustation, mais notre repas de printemps sera remis au 27 mai et ça n’est pas un drame. C’est certain, je ne pouvais pas manquer cette marche, et, en plus, signe du destin, il faisait un temps magnifique entre l’église de Chambolle-Musigny et le château du Clos Vougeot. L’organisation était parfaite, des parkings à Gilly les Cîteaux et des bus pour nous conduire à Chambolle. A peine arrivé sur le parking : j’ai le plaisir de retrouver mon ami Martin Prieur avec sa petite famille (enfin, je devrais plutôt dire sa grande famille car ils étaient nombreux). Arrivés dans le village, nous avons été impressionnés par le monde, quel succès ! Nous avons même vu les policiers et nous leur avons demandé s’ils savaient combien nous étions. Ils nous ont répondu que nous étions 3000 (le lendemain, les organisateurs annonçaient 2500 manifestants, excusez-moi, je voulais dire participants).

Il y avait aussi un hélicoptère au-dessus des vignes, il faisait beaucoup de bruit, un peu comme dans le ballet de Preljocaj mais il n’était armé que d’une caméra et ne répandait pas de produits de traitement sur la foule. Non, c’était très pacifique. Toutefois il y avait quand même quelques personnages qui pouvaient faire peur le long du parcours, surtout les sorcières qui prédisaient toutes sortes de maux avec toutes les mauvaises choses que l’on pouvait mettre dans les vignes ou dans les vins. Oui, vraiment, de quoi faire peur ! Heureusement, il y avait les torches lumineuses qui nous rassuraient à mesure que le soleil déclinait.

Je vous sens impatients, je ne vous ai pas encore parlé du président. J’y viens : il faisait plaisir à voir, le président, entouré d’Aubert de Villaine et de Bernard Pivot. Il avait même dans sa poche l’édition en petit format du dictionnaire amoureux des vins, c’est dire qu’il s’intéresse au sujet et il n’était même pas agacé de voir François Patriat avec François Sauvadet, main dans la main tout comme François Rebsamen avec Alain Suguenot. Enfin, tout cela, on me l’a raconté car je n’étais pas en tête, j’étais dans le peloton, mais très bien entouré, et heureux de retrouver Dominique Lafon, Jean-Marc Roulot, Eric Rousseau, Anne Caillaud et bien d’autres ; je ne peux pas tous les citer.

Le président a même eu une bonne idée : il a suggéré aux organisateurs d’indiquer tous ces climats uniques aux noms enchanteurs, il jubilait d’ailleurs à les citer,… Les Feusselottes, Les Borniques, les Chabiots, Les Charmes, les Amoureuses, les Musigny… C’est une très bonne idée si l’on veut que tous ces climats soient classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité, il faut donner des repères à tous les visiteurs qui viendront prendre soif à se promener dans le vignoble. Parce que c’est humain, d’avoir envie de déguster les crus devant lesquels on passe…

Arrivés au Clos Vougeot, nous avons pu voir d’ailleurs tous les noms des climats projetés sur la façade du château. Les discours ont été sobres et très reconnaissants et le moment le plus beau et le plus émouvant a été le lâcher de lanternes célestes, sortes de ballons-lucioles dans la nuit. C’était magnifique !

Et pour finir chacun pouvait passer prendre un verre souvenir des Climats de Bourgogne et même boire un petit coup. J’espère que le président a eu l’occasion de découvrir la finesse et la délicatesse des Amoureuses… Emotion et fraternité…

Martial Jacquey – Passionné de vin
Le 20 avril 2011