71, rue de la folie Méricourt
75011 PARIS
Le 6 juillet dernier, lors de notre repas chez Georges (le chef Simone Zanoni qui m’avait été recommandé par l’un de mes amis très gourmands), nous avons d’un commun accord, mes trois enfants et moi décidé de nous réunir tous les quatre dans un restaurant environ une fois par mois. Chacun choisira le restaurant à tour de rôle.
Camille tenait beaucoup à Géosmine qui venait d’ouvrir cette année et dont les réseaux sociaux faisaient grand cas ; Camille pressentait un futur étoilé voire doublement étoilé. Le restaurant est aussi connu pour sa « belle » carte des vins. Maxime était venu avant l’heure de notre rendez-vous afin de pouvoir l’examiner attentivement (habitude reprise de son père mais ce jour-là, il faisait beau en dehors de quelques gouttes et j’ai voulu marcher dans Paris, me laissant un peu tromper par le temps).
Je dois bien avouer que je ne connaissais pas 10% des vins de la carte faite surtout de néo-vignerons plus où moins connus de certains milieux essentiellement parisiens à mon avis.
Donc aucune jubilation pour moi à la lecture de cette carte ; mais Maxime était tout émoustillé à l’idée de gouter un savagnin ouillé de Nicolas Jacob, l’un des nombreux nouveaux vignerons du Jura, membre de l’association le Nez dans le Vert. Je l’y avais rencontré et son nom était facile à retenir pour moi car c’est le même que celui du chef de culture du Domaine de la Romanée-Conti.
Il est de mode aujourd’hui de parler de texture et de toucher de bouche, je n’ai rien contre et j’apprécie tout particulièrement la délicatesse et le soyeux ; mais le plan aromatique ne doit pas à mon sens passer en retrait (j’insiste là-dessus parce que j’ai vu des vins aux arômes improbables être défendus parce qu’ils avaient un joli « toucher de bouche ». Bref, pour en revenir à la cuvée les Chazaux 2019 de Nicolas Jacob, il n’avait pas de défaut majeur si ce n’est un léger goût de pomme un peu monolithique ; mais, sincèrement je n’ai eu aucun plaisir à le boire, et à 170 € sur table, j’avais un peu tendance à m’étrangler. Nicolas Jacob a fait ses classes, m’a-t-on dit, chez Macle et Ganevat.
Maxime qui a compris ma déception et assumé son envie de découvrir ce vin, non sans plaisir pour lui, a proposé de payer la bouteille. J’avoue que cela m’a soulagé et permis de prendre un Côte du Jura 2017 de Macle à 85 €, valeur sûre, qui a fait l’unanimité indépendamment du prix.
Menu en 8 temps pour 109 € (sans les plats signatures) et nous avons ajouté deux assiettes de cèpes pour 4 à 20 € chacune donc 119 € le menu soit à 1 € près le prix du grand menu chez « Qui plume la lune » rue Amelot dans le 11ème aussi.
Nous commençons par des tranches fines de melon sur une crème de burrata pas désagréable, nous suivons par une petite salade que l’on pourrait qualifier de sans intérêt (c’est Camille qui l’a dit) mais c’est quand même l’un des 8 temps. Ensuite un pagre au beurre blanc avec, à côté, un joli bouillon, très plaisant comme on en trouve dans beaucoup de bons restaurants qui n’auront jamais la prétention d’être étoilé. On s’attendait à un perdreau pour la suite mais on a eu une jolie pintade, parfaitement grillée et bien moelleuse qui mériterait presque une étoile.
Nous ne nous sommes pas surchargés de fromage, à supplément, et avons apprécié les deux desserts précédés d’un pré-dessert relativement curieux, un sorbet citron-yuzu enrobé dans une feuille de salade, bof, bof. Sympathique fraise-rhubarbe et, au grand plaisir de Lucie qui était prête à payer un supplément si on ne l’avait pas eu au menu (c’est souvent difficile de compter les temps, c’était le huitième !) le dessert au chocolat avec un peu de praliné (il n’y a jamais assez de praliné pour moi au grand dam de mon ami Hani Roumieh de Chocolating !)
J’allais oublier le vin rouge choisi par le sommelier sous la barre indiquée des 100 € (très rare !), un Barbera d’Alba 2020 de Lalu, correct mais un peu léger à mon goût et très loin de valoir celui de Elio Altare que Icy m’a offert cette année.
Pour paraphraser François Simon, y retournerons-nous ? Camille sans doute le midi, pour un plat, c’est à côté de son bureau.
En pure anecdote, j’ai envie de noter cette coïncidence, le 6 juillet, comme le 29 septembre, j’ai rencontré Jean-François Kahn. L’autre jour, il a déjeuné de deux petites entrées, une table derrière la nôtre. Il ne connaissait pas encore ce restaurant de son quartier et il avait l’air content même, nous confia-t-il, si c’est un peu cher… (et il n’avait pas bu de Nicolas Jacob !)
Notre prochaine étape, dans le même quartier, cette fois choisi par Lucie, ce sera Pierre Sang, rue Oberkampf. J’espère que je m’y retrouverai dans la carte des vins.