Domaine Galeyrand

Une rêve où le coq est au-dessus du village :

le côte de Nuits Villages Vieilles Vignes de Jérôme Galeyrand

Les grands vins de Bourgogne sont réputés dans le monde entier et si certains noms de village chantent bien dans les oreilles, d’autres noms, de négociants ou de vignerons, ont bâti leur réputation sur plusieurs générations. Il faut dire que certains sont plus connus que d’autres comme, par exemple, les villages qui ont la chance d’avoir des grands crus dont le seul nom se suffit à lui-même et transcende même celui du village. Mieux encore, le nom du grand cru est venu honorer le nom du village en s’y accolant. Ainsi sont nés Gevrey… Chambertin, Morey… Saint-Denis, Chambolle… Musigny, Vosne… Romanée et ainsi de suite…

Une balade sur la route des grands crus est comme une traversée de noms enchanteurs. Même si chaque village possède son église, il est des villages mieux lotis que d’autres et il y aurait de quoi susciter bien des querelles de clochers ou des combats de coqs !

Et cependant, quel amateur n’a pas rêvé d’avoir une petite vigne à lui ? En général, ce rêve est quand même raisonnable, il s’agit de quelques arpents de Bourgogne, bien situés et que l’on va bichonner pour en faire le meilleur vin pour soi et les copains, avec une certaine fierté.

Encore mieux situé, un peu plus fou mais quand même toujours raisonnable, on ose penser à une vigne située dans les Côtes de Nuits Villages. C’est beaucoup mieux qu’une appellation régionale et plus précis, en Côte de Nuits, on est proche du saint des saints. Il y a comme ça des villages dont les noms ne sont pas en gros sur les étiquettes mais qui font quand même rêver : Brochon, Comblanchien, Corgoloin…

L’histoire de Jérôme Galeyrand est la mise en acte de la réalité de ce rêve. A peine âgé de 30 ans, cet amoureux du vin quitte sa Mayenne natale et son activité de commercial en agroalimentaire pour s’installer en Bourgogne.

Je dois à Christophe Tupinier, rédacteur en chef de la revue Bourgogne Aujourd’hui de m’avoir fait rencontrer Jérôme Galeyrand. Il m’a demandé d’« enquêter » sur ce vigneron dont les vins sortaient en tête de beaucoup de dégustations. Voilà une mission qui m’a rempli d’enthousiasme. Lors de ma première rencontre avec lui, j’ai dégusté le millésime 2005 sur fût. Beaucoup de ses cuvées m’ont séduit mais son Côtes de Nuits Villages a particulièrement retenu mon attention. En fait, il est issu de deux parcelles de très vieilles vignes ; l’une sur Brochon et l’autre sur Comblanchien qui donnent de quoi remplir huit fûts au total, quatre de chaque village.

Je dois avouer avoir eu une préférence pour la partie de Comblanchien qui se trouve juste à côté du Clos de la Maréchale, premier cru monopole de Nuits Saint Georges. C’est étonnant d’ailleurs cette proximité avec un 1er cru ; le nom de la parcelle aussi est étonnant : les Retraits, il y a de quoi associer sur ce signifiant…

En très peu de temps, Jérôme Galeyrand a su se faire reconnaître par la critique et son Bonnes Mares 2005 a même reçu la meilleure note de la dégustation des vins de Chambolle-Musigny organisée par Bourgogne Aujourd’hui, surpassant ainsi les plus grands. Avec le millésime 2007, il s’est vu confier des cuvées des Hospices de Beaune pour en réaliser un élevage « haute couture ».

Il est heureux qu’un tel conte de fées puisse exister en Bourgogne et si vous cherchez Jérôme Galeyrand, il vous faudra sortir aussi des sentiers battus au sens propre, car il habite Saint Philibert village d’où, avec du recul, on a une superbe vue sur la Côte de Nuits…

Notre dégustation :

Hubert est saisi par la finesse et l’explosion de fruits frais, du début à la fin, et la fin dure…

Marielys apprécie cette couleur très rouge, à la fois dense et brillante. Pour elle, la bouche est gourmande, comme une cerise croquante et juteuse. Pour Martial, rien ne domine, c’est déjà fondu, très harmonieux, un pur plaisir ! Ensuite, les associations se font à la fois symboliques et gourmandes. Les vieilles vignes s’enracinent très loin dans le sol ; une concentration profonde, plus présente que puissante, comme une certaine sagesse, un regard bienveillant, enveloppant.