Domaine Cordier

Du concentré dans le Saint-Véran :

Le Saint-Véran En faux 2005 du domaine Cordier

Faire partie d’un jury de dégustation n’est pas aussi amusant que l’on pourrait le croire, c’est un peu comme être journaliste gastronomique. Avant de se régaler, il faut en passer par des moments plutôt ingrats. Mais tout cela est sans importance quand vous avez le sentiment d’être une sorte de pionnier, de découvreur de talents et que vous mettez la main sur l’oiseau rare. C’est ce qu’il m’est arrivé un jour de janvier 2005 lors d’une dégustation de Saint-Véran ; et j’associerai toujours ce moment à la compagnie de mon ami Christian Bleyer qui a eu la même révélation que moi en découvrant le Saint-Véran Clos à la Côte 2003 du domaine Cordier. Je dois bien reconnaître qu’une telle découverte n’arrive pas tous les jours !

Ce vin-là, je l’ai trouvé à la hauteur du plaisir que pouvaient me procurer les plus grands Meursault Charmes, avec une rondeur exceptionnelle, une matière riche tout en gardant une belle fraîcheur, des arômes grillés avec un fond minéral, des notes de noisette et de pâtisserie au beurre. C’est l’un des trois Saint-Véran produits par le domaine Cordier à Fuissé. Ce jour-là, en faisant le tour des autres tables de dégustation, j’ai repéré d’autres vins du domaine Cordier ; ils avaient tous une dimension hors du commun qui transcendait complètement les critères habituels de leurs appellations. En effet, dans cette partie du sud de la Bourgogne, sur les appellations Mâcon, Saint-Véran et Pouilly-Fuissé, la typicité des vins permet rarement la comparaison avec les appellations prestigieuses de la Côte de Beaune. Et pourtant…

Mais comme il faut toujours être prudent en la matière, j’ai voulu en savoir davantage sur le domaine, et ma rencontre avec Christophe Cordier s’est faite dans la plus grande simplicité lorsqu’il accepta mon invitation à venir déguster les meilleurs premiers crus rouges du millésime 2002, un certain 25 février de la même année, jour mémorable où j’ai eu une autre idée de la perfection avec les vins de Romain Lignier. Il y a des moments comme ça dans la vie ou la surdétermination bat son plein et où l’émotion et le plaisir atteignent des sommets.

Christophe Cordier réussit des vins qui sont à la fois très riches tout en restant frais et la maturité des raisins n’enlève rien à la profonde minéralité de leur terroir. Une telle homogénéité dans l’extrême qualité de tous ses crus est absolument exceptionnelle.

Du Mâcon aux Bois d’Allier, plein de fraîcheur et de fruits tout en étant ample et gras aux Pouilly-Fuissé, des cuvées portant le prénom de chacun de ses enfants : Juliette la Grande (un monument de grande garde), Jean Gustave (puissant et équilibré), Fine Joséphine (présente et délicate) en passant par les Pouilly-Fuissé Vers Pouilly ou Vers Cras d’une étonnante richesse et par les autres cuvées de Saint-Véran, En Faux et les Crais : chaque vin est un modèle d’équilibre avec autant de richesse que de fraîcheur, des arômes complexes sur un fond minéral avec une rondeur étonnante pour ces appellations.

Je connaissais assez peu les vins du sud de la Bourgogne. Maintenant, j’avoue en toute simplicité que j’ai toujours une bouteille ouverte et que je jubile doublement à chaque occasion de faire découvrir ces pures merveilles. J’ajouterai, ce qui est aussi très rare, que les vins de Christophe Cordier ont une telle matière et un tel équilibre qu’ils peuvent se conserver plusieurs semaines une fois débouchés. Il faut en faire l’expérience pour le croire et c’est une ruine pour les distributeurs de machines à conserver les vins !

Je n’irai toutefois pas jusqu’à dire que Christophe Cordier est un inconnu. Il est aussi « parkerisé » que toutes les stars de la Côte de Beaune à Meursault ou à Puligny et il a même été sacré producteur de l’année 2005 par la revue Bourgogne Aujourd’hui. Les vins du domaine partent pour 90 % à l’export (Grande Bretagne, Japon, Belgique, Etats-Unis pour les principaux clients).

L’un des principaux secrets pour obtenir des vins avec une matière dense qui ont une certaine épaisseur en bouche est de récolter des raisins mûrs sur la base de petits rendements. La nécessité de petits rendements, ne dépassant pas 35 hl/ha est assez souvent admise pour faire de grands vins rouges avec le nécessaire rapport peau/jus. Mais ça n’est pas (en) faux non plus pour les vins blancs. Un des autres secrets réside dans l’élevage avec la qualité des fûts et aussi la façon de « nourrir » le vin avec le « batonnage » qui consiste à remettre les lies fines en suspension.

Notre dégustation :

Hubert est dans le plaisir, il évoque une sensation, un contact… Marielys se laisse entraîner par la douceur du vin… c’est rassurant, souple, pulpeux. C’est si sensuel que cela évoque le temps qui s’étire, comme un massage à la fois doux et glissant… une pâte à pétrir, à caresser… comme les courbes charnelles d’une « butternut ». Martial est sensible à la fraîcheur, à la présence, à la longueur…
et il est impatient de goûter cette sensualité… en bouche !

Domaine Cordier
Mâcon Au Bois d’Allier 2012 Nous consulter
Mâcon Fuissé 2010 Nous consulter
Saint Veran Clos à la Côte 2011 Nous consulter
Saint Veran les Crais 2011 Nous consulter
Saint Veran En Faux 2009 Nous consulter
Pouilly Fuissé Vieilles Vignes 2012 Nous consulter
Pouilly Fuissé Vignes Blanches 2012 Nous consulter
Pouilly Fuissé Vers Cras 2012 Nous consulter
Pouilly Fuissé Vers Pouilly 2011 Nous consulter
Pouilly Fuissé Fine Joséphine 2002 Nous consulter
Pouilly Fuissé Juliette la Grande 2005 Nous consulter