Domaine Bertagna

Une faille comblée :

Le Vougeot 1er Cru Clos de la Perrière monopole du domaine Bertagna

L’histoire de la Bourgogne et de ses terroirs ne s’est pas faite en un jour. Si les moines cisterciens ont fait l’essentiel du travail pour délimiter les frontières entre le bon, l’excellent et le sublime, la vie suit toujours son cours et il s’est toujours créé, même marginalement, de nouveaux terroirs.

C’est le cas de ce cru, depuis longtemps classé premier et qui, je pense, mérite d’être grand. Je suis fasciné par l’histoire du Clos de la Perrière à Vougeot, actuellement propriété de la famille Reh qui fit l’acquisition en 1982 du domaine Bertagna.

Ce clos est un monopole, c’est-à-dire qu’il appartient à un seul propriétaire. Ce n’est pas le cas de son voisin d’en face, celui que l’on pourrait appeler aujourd’hui l’autre Clos de Vougeot qui, lui, compte environ 80 propriétaires différents.

On pourrait réfléchir sur le fait que chacun est unique, souvent en devenir et qu’à partir des mêmes gènes, on suive des destins parfois très divers. Le Clos Vougeot est le plus grand Clos de Bourgogne en superficie et il a le statut de grand cru. Il est à l’image de la Bourgogne, très morcelé, où s’expriment une multitude d’artistes qui, avec la même étiquette « Clos Vougeot » donnent à la dégustation des vins extrêmement différents. Il n’est pas rare non plus d’entendre que la qualité du terroir est aussi très hétérogène entre le haut qui est situé sous le Musigny ou à côté des Grands Échézeaux et le bas, juste au-dessus de la route nationale. On distingue aussi les terroirs sur la roche qui donnent des vins fins et ceux plus terreux qui donnent des vins plus rustiques.

Le Clos de la Perrière est un monopole, il est unique et son histoire laisse penser qu’il est quand même un peu multiple. En effet, Laval auteur de l’un des premiers ouvrages de référence pour les vins de Bourgogne nous informe qu’il ne faisait qu’un hectare en 1820 et qu’il était planté de pinot blanc ! Voilà bien un scoop ! L’histoire, plus proche, nous apprend que ses 2,25 ha actuels sont constitués pour plus de la moitié par le remblai d’une carrière qui n’était autre, au milieu du XXe siècle, que la décharge publique ! C’est M. Bertagna qui a entrepris ou poursuivi ce travail de remblai lorsqu’il racheta le domaine à M. Berton en 1962. Il faut penser aujourd’hui à cette carrière d’où ont été issues les pierres qui construisirent les châteaux du Clos de Vougeot et de Gilly les Cîteaux. M. Legros, ancien régisseur du Château de la Tour, et qui est né dans ce château situé à l’intérieur du Clos Vougeot peut témoigner du fait qu’une partie de la construction de la cave a servi à remblayer le Clos de la Perrière mais c’était loin d’être suffisant !

Si le Clos Vougeot a une pente relativement homogène, le Clos de la Perrière est au coeur de la faille. La partie la plus haute se trouve au niveau de la partie la plus haute du Clos Vougeot qui appartient au domaine Gros frère et soeur et qui se vend sous l’étiquette « Clos Vougeot Musigni » (écrit sans « y » et en plus petit).

Il faut aussi remarquer qu’une petite partie du Musigny se trouve, de l’autre côté du chemin, juste au-dessus de l’ancienne partie du Clos de la Perrière.

J’ai une affection toute particulière pour le Vougeot 1er Cru monopole du domaine Bertagna que j’ai parfois placé en « pirate » dans des dégustations de Clos Vougeot ; il est toujours sorti dans les meilleures places. Il a aussi la préférence d’une vingtaine d’amateurs et de professionnels qui ont participé à l’étude que j’ai faite à partir de cette question ; « qu’est-ce qu’un grand Bourgogne rouge à votre avis ? »

Je me prends à rêver de demander la faveur d’une vinification à part de la partie la plus ancienne du clos. Un Clos de la Perrière « Musigni » ?

Notre dégustation :

Avec le nez, Martial se rappelle ses premiers grands Bourgogne dégustés à la Cour aux vins à Dijon. C’est tout de suite le plaisir, c’est doux, très fruité et avec beaucoup de classe. Hubert et Marielys s’enthousiasment : C’est très soyeux, rien ne dépasse, tout est fondu.
Il n’y a pas une grande concentration mais c’est très présent avec une belle tenue.
A la fois vif et chaleureux, une texture très suave. Le contact en bouche est très délicat.
Presque érotique, une douceur charnelle…
Aussi minéral comme une pierre au soleil…
Doux comme un soir d’été, des parfums de fraise des bois, de framboise aussi…
Cela donne à Martial l’envie d’un bon filet de boeuf avec un foie gras poêlé et des framboises…
Non, non, le boeuf c’est trop… plutôt du veau, de la langue de veau ou des rognons…
Avec du foie gras quand même !
Ou alors des béatilles de coq…
Bouche bée, béate…
Une béatitude !

Domaine Bertagna
Vougeot Clos de la Perrière 1er Cru Monopole 2005 Nous consulter
Magnum Vougeot Clos de la Perrière 1er Cru Monopole 2005 Nous consulter