Domaine Amiot-Servelle

De la Fine aux amoureuses :

la fine de Bourgogne du domaine Amiot-Servelle

Mes liens avec le domaine Amiot-Servelle remontent à l’époque où il s’appelait le domaine Servelle-Tachot et je me souviens encore de cette fin d’après-midi d’un mois d’août de je ne sais plus exactement quelle année. Marie-Dominique Servelle, dite Marie-Do et actrice du Grenier de Bourgogne, m’avait conduit de Dijon à Chambolle-Musigny à la cave de son père : c’était la première fois que je rendais visite à un vigneron en Bourgogne! Une grande première pour moi et même si cela vaut pour l’anecdote, c’est dans la cave du père Servelle que j’ai dégusté pour la première fois des vins sur fût et que j’ai appris à cracher. J’ai encore l’idée de ce qui me semblait scandaleux à l’époque : devoir cracher ces nectars de Charmes et d’Amoureuses parmi les meilleurs premiers crus, si fins, si suaves. Le père Servelle m’a dit ce que je répète souvent aux jeunes dégustateurs, à savoir que si on ne crache pas les premiers vins d’une dégustation, il est plus difficile de bien apprécier les derniers. Hé oui, la dégustation n’est pas la consommation ! Et le plaisir de la dégustation de vins peut parfaitement se conjuguer avec la prévention des risques dus à l’alcool. Depuis cette séance initiatrice, je peux me vanter de ne pas avoir fait virer un alcootest après une dégustation de plus de cinquante vins, tous recrachés et cependant bien appréciés lors d’une soirée mémorable. Je devais reprendre la route et ramener un ami vigneron à son logis.

J’ai eu le grand plaisir de retrouver quelques années plus tard la route de Chambolle-Musigny et je ne me lasse pas de la poésie du nom de ses crus. C’est aussi avec une certaine jubilation que je me remémore les deux bouteilles de Chambolle-Musigny 1er cru les Amoureuses que je me suis achetées après une première tranche de psychanalyse ; c’était un autre premier pas.

C’est encore un peu plus tard que Christian et Élisabeth Amiot m’ont fait le plaisir de leur amitié et de leur cave. Ils participent régulièrement aux séances de dégustations que j’organise et m’encouragent dans l’esprit du partage des plaisirs du vin et des nouvelles découvertes. Leur cave s’est enrichie d’autres 1er Crus dont les Feusselottes, d’une si précieuse délicatesse, et surtout « Derrière la Grange », étiquette rare, seulement détenue par deux vignerons et qui peut, à mon avis, rivaliser avec les meilleurs Bonnes-Mares, l’autre grand cru du village avec le Musigny.

Tout cela pourrait déjà paraître bien insolite mais la cave du domaine Amiot Servelle permet aussi l’accès à un plaisir de la dégustation peu connu en Bourgogne : celui de la Fine de Bourgogne !

Au moment où je termine ces lignes, je reviens d’un voyage en Martinique où je n’ai pu exercer mon plaisir à déguster qu’avec de vieux rhums, et il y en a de forts bons. J’ai été surpris des prix assez soutenus dès que l’on dépasse les 6 ans d’âge pour des produits qui, malgré toute l’affection que j’ai pour eux, sont beaucoup moins rares que la petite feuillette de Fine du domaine Amiot Servelle. Il me faut aussi préciser que le dernier millésime de Fine est 1993.

Notre dégustation :

On rentre d’Égypte, en cette fin d’automne si douce. On se rappelle quelques bons souvenirs dans les profondeurs de nos fauteuils club. Le repas vient de se terminer et nous avons encore en bouche les saveurs sucrées et chaudes de ce délicieux dessert au caramel. La journée se termine, le ciel rougeoie et on profite de la chaleur de ce bel été indien. La bibliothèque sent bon la patine vanillée et les enfants commencent une partie de Cluedo devant la cheminée. Le café a été servi et ses arômes se sont mélangés à la vanille. Tout incite à prolonger ce moment de tranquillité… On sert alors cette fameuse Fine ambrée et parfumée…