Grâce à Instagram, j’ai la chance de pouvoir communiquer régulièrement avec Carole Bouquet, femme pour laquelle j’ai une petite fascination. Ce n’est pas tant le côté Dior, les paillettes et Versailles (haut lieu de l’excellence française où les monarques y tiennent mal leur flute de Champagne et où l’on y boit des étiquettes), non la Carole, si je peux me permettre, qui me fascine est celle en tee-shirt et espadrilles de l’île de Pantelleria et je me suis parfois entendu dire « Carole, emmène-moi sur ton île ! ». Plus simplement, je me serais bien vu distribuer le dernier millésime de son Passito Sangue d’Oro et je lui ai envoyé des messages en ce sens. Eh bien, ma requête a été entendue. Oui, un matin ou peut-être une après-midi, j’ai été contacté au téléphone par Giacomo Mari, le responsable commercial du nouvel importateur. Certes, j’aurais préféré que Carole Bouquet me téléphone elle-même comme aurait pu le faire Emmanuel Reynaud du Château Rayas, par exemple, mais j’ai quand même été flatté qu’il me fasse une proposition. J’étais juste un peu stressé pour savoir si je commandais 24 ou 36 bouteilles sachant que dans la cave du Nez de Saint-Pierre, en dehors des dégustations, les liquoreux je les bois plus que je ne les vends. Mais bon, c’est toujours sympa de bénéficier des tarifs professionnels et d’être sûr d’être servi. Parce que la dernière fois si je puis dire, j’avais dû écumer les Carrefour Market de la région pour en avoir quelques bouteilles à 28 € les 50 cl. Je me suis vu bien marri devant la proposition de Giacomo au prix de 69,83 € la bouteille par 36 ou 54,58 € par 120 ! Prix professionnels hors taxes !
Là je vous laisse associer librement sur mon caractère marri dans le contexte. Marri et néanmoins opiniâtre, afin qu’il vous soit présenté ici, je suis allé chercher une bouteille de ce vin chez le seul caviste de la capitale qui m’était indiqué : « le vin du moment », près de la Nation.
Comme tous les ans, la traditionnelle dégustation de liquoreux du Nez de Saint-Pierre, présente ce qui se fait de mieux en la matière avec le plus souvent, beaucoup de botrytis et quelques curiosités, toujours à l’aveugle.
Je vous livre le compte-rendu dans l’ordre de nos préférences.
Servi n°3 : Riesling Auslese 2008 Bürklin-Wolf Allemagne magnifique robe d’un or éclatant. Nez envoutant d’agrumes et de cire avec des épices douces. La bouche est d’une grande harmonie, élégante, fraîche et douce, c’est précis, droit et très gourmand avec une longueur époustouflante.
La grande classe ! MJ : 18+ moyenne 18,5
Servi n°7 : Muscat Sélection de Grains Nobles 2015 Gloekler-Brenner La robe est d’un bel or intense. Le nez est très floral, jasmin, fleur d’oranger, fleur de sureau, bergamote. La bouche est très suave, à la fois intense et délicate, le cépage est bien présent mais en finesse. Grand plaisir !
MJ : 16,5 moyenne 17,2
Servi n° 2 :Arvine Grain Noble 2019 Marie-Thérèse Chappaz Suisse (livré en personne par Marie-Thérèse à Dijon à l’occasion du film de Guillaume Bodin « Vigneronnes » la robe est assez pâle, joli or-vert. Le nez est doucement citronné avec des fleurs séchées, verveine, camomille… avec de la présence et de la délicatesse. La bouche est suave et fraîche ; les arômes sont fins et complexes avec de l’abricot et une légère touche boisée. MJ 17 moyenne 17
Servi n° 5 : Ruster-Ausbruch chardonnay 2001 Ernst Triebaumer Autriche La robe est orangée avec une belle brillance. Le nez est assez discret sur des notes florales et confites. La bouche est très suave avec une belle fraîcheur et une grande richesse, herbes séchées, agrumes, caramel avec une belle longueur. MJ : 16,5 moyenne 15,5
Servi n° 8: Passito di Pantelleria Sangue d’Oro 2021 Carole Bouquet Italie Belle robe orange. Nez de pommes au caramel un peu monolithique. Bouche dans la suite du nez avec une note d’alcool, ça n’est pas désagréable mais c’est un peu lourd. J’avais un meilleur souvenir des autres millésimes dégustés jusqu’ici. MJ : 14,5 moyenne 14,2
Servi n° 4 : Eiswein 2001 Kracher Autriche. Robe un peu marron comme un Pedro-Ximenez jeune. Le nez est très vif marqué par le botrytis avec du pain d’épices et de l’orange confite. La bouche est moins suave que ne l’annonçait le nez, cela n’est pas très harmonieux avec de l’acidité et de l’amertume et une finale un peu difficile. MJ : 15 moyenne 14
Servi n° 1 : Chaudelune Vin de glace Blanc de Morgex et de la Salle 2010 Val d’Aoste. Italie Robe orange un peu terne. Nez de pain d’épices avec des notes d’oxydation. Bouche assez suave, à peine lourde avec un manque de ressort, il semble un peu fatigué. MJ 14 moyenne 13
Avec la fameuse tarte aux mendiants d’Isabelle, nous avons terminé la soirée par un vin absolument hors classe, un Pedro Ximenez Bacchus 1939 de Toro Albala Espagne que je dégustais pour la troisième fois. C’est mon millésime préféré, la douceur absolue, totalement suave avec de magnifiques arômes et seulement 13° d’alcool, ce qui est unique pour ce vin !
J’ai attendu plus de 20 ans pour ouvrir la première bouteille de ce 1939, c’était à l’issue d’une dégustation des vins du Domaine de la Romanée-Conti dans le millésime 2013. Il était au-dessus de tous les Pedro que j’avais goutés et je suis allé chercher en mai 2022 les quatre dernières bouteilles que Antonio Sorgato, directeur commercial de Toro Albala a eu la gentillesse de me garder. Il va falloir attendre un peu pour ouvrir les suivantes…
Voilà, j’espère vous avoir intéressés avec mon petit texte.
Martial Jacquey
Les dégustations du Nez de Saint-Pierre
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