Au verre, le vin!

En cette fin d’année, j’ai envie de vous livrer quelques pensées un peu en vrac, mais vous y trouverez des liens avec mes précédents billets.

Tout d’abord, je vous ai promis de vous parler du vin au verre et des bars à vins. Il y a quelques années, je rêvais d’en ouvrir un, de bar à vin. Ce rêve n’est d’ailleurs pas tout à fait éteint… A l’époque, je fantasmais sur la fameuse machine qui permet de conserver le vin plusieurs jours à l’abri de l’air. Aujourd’hui, je conseillerai plutôt de proposer des vins qui tiennent l’aération et il y en a de plus en plus. Certes les grands Riesling d’Alsace ou d’ailleurs comme les Grüner Veltliner autrichiens, sont réputés pour être indestructibles ; je ne parle même pas des vins jaunes ou des fino, encore moins des Pedro Ximenes (j’ai battu mon record avec un 1945 conservé pendant 4 ans et 3 mois !). Non, je veux parler des vins de Bourgogne bien sur ! Et j’en donnerai quelques exemples. Pour commencer 2 grands vins blancs complètement opposés dans leurs styles. Les grands Mâcon, Saint Véran et Pouilly Fuissé de Christophe Cordier, récoltés à belle maturité avec de tous petits rendements, ne prennent pas une ride après une semaine d’ouverture et parfois bien d’avantage ! Il y a 2 mois, j’ai eu le privilège d’organiser une verticale du grand Meursault 1er Cru Clos des Perrières, le monopole du domaine Albert Grivault, nous avons dégusté une vingtaine de millésimes de 2006 à 1956 ! Depuis, je ne perds pas une occasion d’en ouvrir un bouteille et j’affectionne tout particulièrement les millésimes 2001 et 2002 qui commencent à s’ouvrir avec une texture exceptionnelle de finesse et de présence, avec des arômes complexes à la fois minéraux et fruités, une très grande longueur et de la tenue…pendant plusieurs jours après l’ouverture.

Concernant les rouges, j’en profiterai pour ajouter une deuxième pensée ; comme vous le savez, il m’arrive de participer à des jurys de dégustation et dernièrement, j’ai eu l’occasion de pencher mon nez sur des Chambolle-Musigny 2005. En fait, je me suis intéressé aux bouteilles qui n’avaient pas été retenues par un jury. Quatre d’entre elles ont particulièrement retenu mon attention et j’ai demandé aux organisateurs l’autorisation de les emporter. Je peux vous confier que je me suis régalé pendant une semaine ! Au-delà de la perplexité qui peut nous gagner sur ce qui fait qu’un jury retient un vin ou ne le retient pas, je peux dire que certains Chambolle-Musigny 1er crus 2005 peuvent se déguster avec bonheur aujourd’hui, qu’ils sont sans doute meilleurs après avoir été aérés et qu’ils peuvent tenir une semaine sans être altérés.

Troisième pensée : je me réjouissais encore dans ma précédente chronique de l’existence de l’un des plus grands restaurants de Buenos Aires qui a pour nom « la Bourgogne ». Je n’ai pas eu la même joie le week-end dernier en visitant une grande ville de notre métropole. J’ai parcouru le guide gastronomique local où, comme souvent, les restaurants étaient classés par thème : grandes tables, brasseries, italiens, grecs, andalous, finlandais, mexicains… Mais rien sur la Bourgogne ! Comme quoi, il reste du travail à faire! Je me suis dit aussi que guide gastronomique, c’est un vrai métier et qu’il devrait dépendre du ministère de la culture ! Là aussi, il y a du travail à faire…

Quatrième pensée : un vigneron me disait pas plus tard qu’hier qu’il avait une vie bien meilleure que celle de ses parents, et que l’un des ses (seuls) soucis était de ne pas pouvoir répondre aux sollicitations de ses clients où clients potentiels. Il ajoutait que ceux qui ont réussi, dans son village en particulier, étaient ceux qui payaient leurs impôts normalement et non pas ceux qui, tout en criant misère, vendent des grands crus sans étiquette à des prix défiant toute concurrence. Frauder moins pour gagner plus ? Dans le même ordre d’idée, vous avez vu la flambée des prix aux hospices de Beaune.

Savez-vous que cette année, le rendement moyen était de 25 hl par hectare pour les rouges ? Je ne suis pas certain que l’on ait déjà vu ça dans l’histoire. La bonne nouvelle, c’est aussi qu’avec un été pourri, on peut quand même faire du bon vin et certaines cuvées sont même sublimes !

La dernière : il paraît que cette année les français ont décidé de dépenser plus pour les repas de fête, je trouve que c’est plutôt une autre bonne nouvelle, et un bon repas c’est aussi un cadeau !

Bonnes fêtes à vous et merci de votre fidélité dans la lecture !

Martial Jacquey
Passionné de vin