Alors, quoi de neuf ?

Le lapin du chapeau ou le poussin de sa coquille

"Le lapin du chapeau ou le poussin de sa coquille" - Illustration de Christine Pariente-Valette, Château Troplong-Mondot

J’ai comme ça l’intuition que vous me voyez venir avec mon titre, et je dois bien avouer que c’est une question qui me prend souvent au dépourvu. C’est donc à la fois pour conjurer le sort que je la pose et sans doute pour stimuler la venue de ce billet. Et puis vous me connaissez maintenant et je crains même de ne plus être capable de vous surprendre avec cette 26ème chronique. D’ailleurs, je ne vais peut-être plus attendre pour en faire un livre. Marielys sera sans doute d’accord pour nous faire de superbes photos comme celles de « Coups de cœur en Bourgogne » et Hubert nous y contera bien quelques histoires-recettes dont il a le secret. J’espère que les époux Bon, je veux dire Christian et Sophie, des éditions Terre en Vues, seront d’accord pour publier ces billets d’humeur de Terroirs Bourguignons. Voilà, l’idée est de rafraîchir la mémoire de ceux qui sont là depuis le début, je crois que c’était en 2003. Et pour ceux qui viennent d’arriver, ils auront la compilation sans difficulté.

Alors quoi de neuf ? Ne pas hésiter à réchauffer les vieux plats !
Si je vous dis que j’ai pris le parti de ne pas réussir à vous surprendre cette fois, vous allez penser avec justesse que je suis prétentieux de me permettre de supposer que je vous ai surpris les 25 fois précédentes. Je vais encore me répéter mais il faut bien avoir des certitudes !

Admettons que vous ayez deviné qu’avec mon œuf, je ne fasse pas sortir un lapin du chapeau mais un poussin de sa coquille et que je vous parle du millésime 2009. Vous aurez aussi compris qu’il n’y a rien de nouveau car tous les millésimes en 9 sont exceptionnels dès leur plus tendre enfance si je puis dire… J’ai encore en mémoire quelques 1979 qui datent de mes débuts de passionné de vin, et d’autres que j’ai eu la chance de déguster dernièrement, quelques 1969 aussi, bus à maturité, de vraies merveilles ! Aujourd’hui, je serai plus réservé sur les 1999 car ils le sont aussi (réservés) mais patience…

Quant aux 2009, je viens de terminer ce que l’on appelle les dégustations primeurs et, pour faire dans la litote, je n’ai pas passé que de mauvais moments ! Je dirais même plus, j’ai souvent regretté de ne pas avoir un pichet pour mon repas. Pourquoi attendre ? Que diable ! Voilà un millésime en écho avec mes impatiences grandissantes, signe d’une vieillesse qui renonce à être sage. En notre chère Bourgogne, seuls les prix le resteront.

Voilà que me vient une pensée pour ce cher Hubert de Montille que j’ai appris à connaître depuis Mondovino. Je le revois encore sur la scène du cinéma Eldorado à Dijon avec ces mots que je me suis tant amusé à imiter : « Bordeaux c’est la marque, la Bourgogne, c’est le terroir ! ». J’ajouterai que la politique des prix est très différente aussi. Les bourguignons souhaitent des clients fidèles qui achètent et boivent leurs vins à des prix insensibles aux millésimes ; les bordelais sont des stratèges, ils se demandent à quel moment sortir (leurs prix) et ils veulent faire le meilleur coup ! Bien sûr, par respect pour les artisans-vignerons du bordelais, il me faut préciser que je n’évoque ici que les châteaux les plus connus, ceux dont les vins se vendent plus souvent qu’ils ne se boivent. Je me souviendrai toujours de ce client qui m’a téléphoné pour me demander mon avis sur le prix de tel château en primeurs ; je lui avais vendu pour la même somme 12 bouteilles d’un sublime Musigny prêt à boire !

Alors, quoi de neuf ?
La dernière fois, je terminais en vous parlant des Grands Jours de Bourgogne. On y a dégusté le millésime 2008 et je me suis souvent régalé. C’est comme ça, je suis incorrigible…


Martial Jacquey – Passionné de vin
Le 04 mai 2010