Domaine Goisot

Du sauvignon en Bourgogne !

Le Saint-Bris Corps de Garde de Ghislaine et Jean-Hugues Goisot

Avec les Mâcon de Jean Thévenet, le sauvignon de Saint-Bris-le-Vineux est le premier vin « étrange » auquel j’ai pensé pour présenter ce que la Bourgogne avait de plus insolite. Certes, je m’entends parfois dire qu’il est rond comme un Meursault ou qu’il arrive au sauvignon d’être mûr mais ce vin qui n’était jusqu’au décret du 10 janvier 2003 qu’un VDQS (Vin Délimité de Qualité Supérieure) peut se révéler être une pure merveille capable de rivaliser avec les plus grands Sancerre et Pouilly Fumé. Aujourd’hui, l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) Saint-Bris couvre 128 ha du cépage Sauvignon. C’est le cépage principal de cette commune qui est la plus importante des vins de l’auxerrois. Jean-Hugues Goisot tire la quintessence de ce cépage insolite en Bourgogne avec ses cuvées « classiques ».

A partir du millésime 1996, il a tenté l’expérience du Fié Gris, une variété de sauvignon, disparue de la région depuis le phylloxéra. Cette expérience très concluante lui a permis à l’époque de lancer la troisième cuvée « Corps de Garde », le haut de gamme des 25 ha du domaine. Le domaine Jean-Hugues et Ghislaine Goisot a évolué vers la biodynamie avec un profond respect des sols et de la plante ainsi qu’avec la recherche des racines et du terroir. Depuis quelques années, je trouve que les vins ont évolué vers un côté plus minéral au détriment du caractère gourmand. Les puristes du terroir et de la minéralité y trouvent leur compte… Je dois bien reconnaître une petite nostalgie mais il faut dire aussi que l’étiquette est honnête : avec le passage à l’AOC Saint-Bris, le Corps de Garde ne s’y affiche plus gourmand ! C’est tout un débat dans le monde des amateurs de vins. Nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes choses et si j’apprécie ce que l’on appelle la minéralité qui n’est d’ailleurs pas toujours facile à définir, je préfère toujours que les arômes dominants se situent du côté des fruits même si l’on sait bien que la dégustation d’un vin n’a rien à voir avec celle d’un jus de fruits fût-il de la meilleure qualité.

On peut aussi retrouver ce débat entre la nature et la culture en matière de viticulture qui n’est pas sans rappeler celui entre l’inné et l’acquis en psychologie. C’est un vaste sujet qu’il faut savoir prendre avec mesure et même en y ajoutant l’inconscient, c’est-à-dire ce qui échappe, ce qui n’était, à priori, pas prévu. Nous pouvons tous nous y retrouver avec nos différences, celles des vins comme celles de ceux qui les apprécient.

Notre dégustation :

Nous avons presque fait une verticale de ce vin depuis l’expérimental millésime 1996 qui se dégustait parfaitement avec quelques arômes un peu fumés. Le millésime 1997 explosait complètement avec la maturité du fruit et la fraîcheur qui étaient toujours là. Il est assez rare, même avec tous les Sauvignons du monde, d’obtenir une telle richesse et une telle complexité aromatique après 9 ans d’âge.

Dès sa jeunesse, ce Saint-Bris Corps de Garde Fié Gris évoque le raisin à la fois croquant et à pleine maturité. Certains pourraient s’étonner qu’un sauvignon septentrional soit aussi mûr…
de la fraîcheur et de la rondeur…

Nous n’avons pas la même plénitude avec le millésime 2004 qui s’est montré plutôt austère le jour de notre dégustation avec les notes végétales, voire de racine de gentiane, caractéristiques de ce millésime. Mais, sans doute à l’insu du vigneron qui ne tient pas ce discours en sa méthode, le millésime 2005 retrouve toute sa gourmandise sans rien perdre de son éclat de roche ! Autrement dit que la recherche de la minéralité, parfois austère, s’échoue dans le plaisir d’une bouche gourmande, c’est plutôt une bonne nouvelle ! Enfin, pour moi…

Par ailleurs, je m’accorde bien à penser que le fruit est encore meilleur quand il est le plus naturel possible.

G. et J. H. Goisot
Saint Bris Corps de Garde 2012 Nous consulter
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Bourgogne Biaumont 2002 Nous consulter
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