Domaine Brigand Gilbert et Régine

Des bulles qui vieillissent :

le Crémant de Bourgogne Cuvée Gilbert et Régine Brigand

Voilà bien une partie de la Bourgogne à l’écart de la route des vins et pourtant, de Dijon, cette route qui passe par Châtillon sur Seine et Massingy, c’est la route du Champagne ! On a aussi un peu de mal à imaginer que la Seine prend sa source en Bourgogne et que le fameux vase de Vix, exposé au musée de Châtillon sur Seine ne devait pas être rempli d’eau.

Je dois bien reconnaître que le village de Massingy me touche à plusieurs titre et je suis très sensible à qu’on y appelle les jumeaux de Massingy ! Il s’agit de deux collines d’une centaine de mètres de hauteur, situées de part et d’autre du village. Cette histoire de jumeaux m’en évoque bien d’autres et c’était le thème de ma première dissertation d’étudiant en psychologie à l’époque où, ne connaissant pas les vins de Bourgogne, j’avais une affection particulière pour le Champagne. J’ai toujours trouvé fascinantes les histoires de frère caché, disparu, oublié ou imaginé comme celles des frères inséparables dont les identités posent doublement question. Voilà qui m’amène à une association d’idée et je vous invite à cette réflexion (comme un miroir ?) : les Crémants de Bourgogne issus du Chatillonais ne sont-ils pas les jumeaux des Champagne ? On pourrait penser à des jumeaux qui n’ont pas le même nom et qui n’auraient pas eu le même destin. Mettons toute la lumière ici sur celui qui malgré toutes ses qualités n’a pas pu être roi.

J’ai aussi le souvenir des études scientifiques qui ont déjà été faites sur la dégustation comparée des Crémants de Bourgogne et des Champagnes. Elles ont apporté la preuve irréfutable de leur parfaite gémellité physique ! Hélas, ces études ont moins fait parler d’elles que le nom d’un parfum crée par le grand couturier disparu cette année 2008 et qui a dû se résoudre à l’Yvresse !

Ma découverte des Crémants du domaine Brigand est assez récente ; elle s’est faite lors du premier salon des vignerons indépendants qui s’est tenu à Dijon en 2006. J’y ai été particulièrement surpris par un millésime 1991 : des bulles de 15 ans d’âge en Bourgogne, une vraie révélation !

Outre la qualité de ses Crémants, le domaine Brigand respire l’honnêteté avec son musée du vin et de la vigne sans oublier une jolie collection des cépages français.

C’est Ghislain, un colosse au regard doux, qui s’occupe actuellement du domaine. A mon avis, avec de solides études d’économie et un brin de sens politique, il aurait pu faire fortune en faisant annexer cette partie de la Bourgogne par la Champagne. Mais sans doute sait-il que pour être heureux, il ne faut pas tricher et certainement pas avec son identité.

Notre dégustation :

Sur la dizaine de Crémants proposés par le domaine Brigand, il n’a pas été facile pour nous d’en élire un. En effet, comment ne pas évoquer le Carte Noire 2005 élaboré pour la première fois cette année-là. Issu des premiers jus de presse des pinots noirs, il est d’une grande pureté, subtil et délicat. Hubert apprécie beaucoup le rosé 2005 à la robe très soutenue et aux arômes frais de groseille, de fraise et de framboise.

Notre choix s’est arrêté sur le demi-sec pinot noir et chardonnay de l’assemblage des millésimes 1997 et 1998 : la cuvée Gilbert et Régine Brigand. Les bulles sont fines dans une robe à peine dorée ;
le nez dégage de doux parfums d’amande, de noisette, de noix…
La bouche est à la fois fraîche et intense avec une petite touche liquoreuse. Il y a une certaine plénitude dans ce vin mais nous restons légers.

Domaine Brigand
Crémant de Bourgogne – Blanc de Noirs 2009 Nous consulter